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La campagne "Winds of Wrath" de Sea Shepherd vise à protéger les côtes de la Bretagne

vendredi, 19 Nov, 2021

Sea Shepherd France se bat pour empêcher la construction d'un parc éolien dans le site riche en biodiversité de la Baie de Saint-Brieuc, en Bretagne. Celui-ci se trouve à proximité directe des sites Natura 2000 et au milieu de l'habitat de nombreuses espèces protégées, dont certaines sont en danger critique d'extinction.

Dauphins dans la baie de Saint-Brieuc, photo de Sea Shepherd

A Saint-Brieuc, le gouvernement français sacrifie la biodiversité marine au nom du climat

La lutte contre le réchauffement climatique s'est imposée comme un défi majeur pour les prochaines décennies. Nous devrons le surmonter si nous voulons maintenir des conditions propices à la survie de l'humanité. Cependant, un défi tout aussi important, sinon plus, est encore trop souvent négligé : la préservation de la biodiversité, premier garant du climat et de tous les services écosystémiques essentiels au maintien de la vie sur la planète Terre, ou plutôt au maintien des océans de la planète.

L'océan couvre 70% du globe, il est le premier régulateur du climat, le premier producteur d'oxygène et le premier absorbeur de carbone, avant les forêts. L'océan, ou plus précisément la vie marine, est notre meilleur allié dans la lutte contre le changement climatique. Il est insensé de laisser des projets éoliens particulièrement invasifs se construire sur des sites riches en biodiversité, menaçant la survie de nombreuses espèces marines et détruisant des écosystèmes marins entiers.

Un site industriel construit par une multinationale espagnole dans la baie qui abrite la plus grande réserve naturelle de Bretagne

La multinationale espagnole Iberdrola, par le biais de sa branche française Ailes Marines, s'est vu attribuer par le gouvernement français le site particulièrement riche en biodiversité de la baie de Saint-Brieuc. Celui-ci se trouve à proximité directe des sites Natura 2000 et au milieu de l'habitat de nombreuses espèces protégées, dont certaines sont en danger critique d'extinction, comme le puffin des Baléares, pour la préservation duquel la France a été obligée de mettre en place un Plan National d'Action (PNA).Si le promoteur espagnol profite du cadeau, c'est l'État français (sous le gouvernement de M.Sarkozy) qui, en dépit du bon sens, a désigné la baie de Saint-Brieuc comme lieu d'implantation de 62 éoliennes de plus de 200 mètres de haut (l'équivalent de la tour Montparnasse) à 16,3 kilomètres de la côte sur une surface totale de plus de 103 kilomètres carrés, avec un câble électrique sous-marin et souterrain qui acheminera un courant de 250 000 volts.

Oiseaux marins dans la baie de Saint Brieuc, photo de Sea Shepherd.

Quelques questions fondamentales s'imposent naturellement :

- Comment le gouvernement français peut-il justifier d'avoir autorisé un projet industriel aussi invasif dans cet endroit stratégiquement important pour la biodiversité marine ?

- Pourquoi n'ont-ils pas pris en compte le fait que les fonds marins de la baie sont parmi les plus résistants d'Europe ? Le fait de les forer provoque donc des vibrations et des bruits dont l'intensité est décuplée. La multinationale a annoncé qu'elle pouvait réaliser un ancrage (un forage de 3 trous pour une éolienne placée sur la fondation) en quatre jours. Trois mois plus tard et après avoir cassé ses trois têtes de forage, pas un seul ancrage n'a pu être réalisé. Sur d'autres types de sols, une demi-journée seulement est nécessaire...

- Pourquoi les résultats de l'analyse de la pollution générée en juin par l'Aeolus (navire de forage d'Iberdrola) n'ont-ils toujours pas été rendus publics ? Qu'en est-il de la deuxième fuite, plus récente ?

Une atteinte inacceptable à la biodiversité marine

La baie de Saint-Brieuc abrite la plus grande réserve naturelle de Bretagne, les deux plus grandes zones de nidification d'oiseaux marins de France et la plus grande population de dauphins résidents d'Europe.

Les études d'impact ont été réalisées, non pas avant la création du site comme la logique le voudrait, mais après, et sont sans appel. Les impacts désignés comme " forts " à " très forts " sur de nombreuses espèces marines laissent présager le pire. En effet, selon le bureau d'étude mandaté par Iberdrola, pour certaines espèces, la survie de la population n'est pas assurée (Pingouin et Guillemot de Troïl entre autres). 

Obligation légale de préservation des espèces : les dérogations à la destruction d'espèces protégées accordées à Iberdrola sont illégales

L'État français et le développeur industriel sont tous deux soumis à l'obligation légale de préserver les espèces dans un " état de conservation favorable ". En raison de la présence de nombreuses espèces protégées dans la baie de Saint-Brieuc, Iberdrola/Ailes Marines a été contrainte de demander une dérogation pour la perturbation intentionnelle et la destruction de 59 espèces protégées (54 espèces d'oiseaux marins, 4 espèces de dauphins et une espèce de phoque) ainsi que la destruction de leur habitat.

La réponse juridique

Sea Shepherd France dénonce le fait que ces dérogations de destruction et de perturbation intentionnelle sont illégales et va donc déposer un recours devant le Conseil d'État dans les prochains jours.

D'autres recours sont en préparation au niveau européen, avec l'association Gardez Les Caps, qui milite depuis de nombreuses années aux côtés de certains pêcheurs pour empêcher l'installation de la centrale dans la baie.

Les citoyens français désinformés sur les enjeux écologiques, économiques et énergétiques de l'industrie éolienne

" La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili prétend que la majorité des Français sont favorables aux éoliennes. La vérité est que la majorité des Français n'ont pas les informations nécessaires pour se faire une opinion éclairée sur le sujet ", a déclaré Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France. "Sacrifier la biodiversité marine, notre meilleur allié contre le changement climatique, sous prétexte de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre est un non-sens total.

Les experts et les scientifiques nous mettent en garde, mais pour l'instant ils prêchent dans le désert

Le Conseil national de la protection de la nature (CNPN), rattaché au ministère de la Transition écologique, dont les recommandations n'ont jusqu'à présent pas été respectées par Iberdrola, s'est saisi de la question des EMR (Énergies marines renouvelables) et vient de rendre son rapport le 6 juillet dernier. On peut y lire de nombreux points particulièrement inquiétants dont celui-ci :

" Les impacts potentiels sur la biodiversité représentés par le développement des éoliennes flottantes en France, programmé par la PPE 2020 (.... ) peuvent avoir un effet très important sur la biodiversité marine. A commencer par l'avifaune nicheuse, migratrice et hivernante provenant de toute l'Europe ainsi que les chauves-souris migratrices ou locales par mortalité ou perte d'habitat ; ou encore sur les mammifères marins par perte partielle d'habitats, et sur les habitats marins et les espèces qui les composent, notamment les poissons, les crustacés et les mollusques par des modifications physiques, hydrologiques et chimiques. "

 Plus encore,

"L'objectif de la Commission européenne, qui pourrait se traduire par l'équivalent de 34 000 éoliennes offshore en 2050, dont 7100 pour la France, semble incompatible avec la survie de nombreuses espèces d'oiseaux marins."

Les impacts de la cumulation d’installation de plusieurs éoliennes sur les routes migratoires des oiseaux et des mammifères marins

Le projet de Saint-Brieuc est loin d'être le seul à poser problème, d'autres comme ceux de Courseules-sur-Mer, Fécamp, Saint Nazaire, Dunkerque, l'Ile d'Oléron, Belle Ile en mer et l'Ile de Groix présentent des menaces similaires pour les espèces marines vulnérables et il n'y a à ce jour aucune prise en compte des effets cumulés des différents projets sur les espèces protégées et en particulier sur les espèces migratrices.

Il est encore temps d'éviter le pire, toutefois il est urgent que l'opinion publique s'empare du sujet

Un débat public honnête et transparent (contrairement aux débats publics qui ont eu lieu jusqu'à présent) est nécessaire pour déterminer dans quelles conditions les parcs éoliens peuvent être autorisés à détruire les milieux naturels et, surtout, quels écosystèmes doivent absolument être préservés.

Les équipes de Sea Shepherd seront présentes dans la baie de Saint-Brieuc au cours des prochaines semaines pour documenter, alerter, sensibiliser le public et faire entendre les avertissements scientifiques sur ces questions cruciales. Un moratoire sur les projets éoliens en mer doit être mis en place de toute urgence jusqu'à la mise en place d'une feuille de route environnementale stricte. Si cette industrie est réellement destinée à relever le défi environnemental du siècle, la préservation de la biodiversité doit être une priorité pour elle. Sinon, le "remède éolien" pourrait s'avérer pire que le mal.

Port Erquy au lever du soleil, photo de Sea Shepherd
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