News

Les délégués de la CCAMLR statuent sur le sort de l’Antarctique

dimanche, 29 Oct, 2023

La Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR) a annoncé que le quota de capture de krill en Antarctique ne sera pas augmenté.

Selon nous, le rapport récemment publié par les journalistes de l’Associated Press, que nous avons accueillis à bord lors de notre mission en Antarctique, a largement influencé cette décision de statu quo. C’est un succès énorme, mais la victoire serait d’obtenir un quota de capture égal à zéro.

En 2024, Sea Shepherd Global sera de retour en Antarctique pour continuer à dévoiler la réalité de cette industrie destructrice et poursuivre son combat en faveur des baleines et autres animaux marins qui dépendent du krill pour survivre.

Qu’est-ce que la CCAMLR ?

Du 16 au 27 octobre, les yeux de la communauté mondiale pour la conservation étaient rivés sur Hobart, en Australie, où la 42e assemblée de la CCAMLR était réunie pour statuer sur l’avenir de l’Antarctique.

La CCAMLR est l’organisme de réglementation international chargé de protéger le précieux écosystème de l’Antarctique. Il a été créé en 1980 suite aux préoccupations croissantes concernant les impacts de la pêche non réglementée sur l’océan Austral, en particulier la pêche commerciale du krill. En effet, dans les années 70, les activités de pêche ont fortement augmenté dans la région, en raison des progrès technologiques mais aussi d’une demande accrue de krill et d’autres espèces marines de l’Antarctique. Les scientifiques et les écologistes ont commencé à craindre que cette exploitation incontrôlée finisse par perturber ce fragile équilibre écologique et conduise à l’épuisement des principales espèces de faune marine, comme le krill.

Une étape clé pour le Traité sur l’Antarctique, puisque la CCAMLR a été structurée, de façon inédite, dans l’objectif de se centrer sur un écosystème entier, plutôt que sur la conservation d’espèces de manière individuelle. Sa création a donc marqué un tournant dans la gestion des ressources, en mettant l’accent sur une approche holistique et scientifique de la conservation de la vie marine pour garantir que toutes les activités humaines dans la région antarctique, y compris la pêche, soient menées de manière durable, afin de protéger l’intégrité écologique de la région pour les générations futures.

La nécessité d’accroître les protections en Antarctique contrecarrée faute de consensus

Cependant, lors des trois dernières décennies, la CCAMLR n’a pas été en mesure de faire face à l’évolution des menaces qui pèsent sur l’écosystème antarctique, comme les températures records, la fonte des glaces, la pollution et les super-chalutiers industriels.
Les scientifiques et les défenseurs de l’environnement ont demandé la création de nouvelles aires marines protégées (AMP). Ces zones, essentielles à la préservation de la biodiversité marine, offrent un sanctuaire pour des espèces variées, en les protégeant de la surexploitation et en atténuant les impacts d’un climat en rapide évolution.

« Un grand nombre d’articles scientifiques, évalués par des pairs, soulignent l’importance des AMP en Antarctique. Les connaissances scientifiques actuelles nous permettent d’agir dès maintenant et dans tous les domaines, en particulier pour protéger de toute urgence le krill et ses espèces associées, jusqu’aux grands prédateurs », a écrit Guillermo Ortuño Crespo, de l’UICN.

Un accord unanime entre les 26 pays membres et l’UE est nécessaire, il est donc difficile de parvenir à un consensus au sein de la CCAMLR, en particulier lorsque les ambitions économiques des États membres sont en concurrence avec des mesures de conservation essentielles. La dernière mesure significative a été prise en 2016 avec la création de l’AMP de la mer de Ross, mais depuis, une poignée de pays a bloqué tout nouvel accord.

« L’Antarctique change à une vitesse alarmante, mais ce qui est encore plus alarmant, c’est l’incapacité de la CCAMLR à prendre des mesures au cours de la dernière décennie pour faire face au changement climatique », a écrit Andrea Kavanagh, directrice des travaux de conservation de l’océan Antarctique et de l’océan Austral pour le Pew Bertarelli Ocean Legacy Project. « Il est temps de sortir de l’impasse et d’enfin tenir la promesse de création d’un réseau d’AMP en Antarctique. »

Vote sur les quotas de pêche au krill

Outre les propositions de création d’AMP supplémentaires, les délégués de la CCAMLR 42 ont également voté sur l’augmentation des quotas de pêche au krill dans l’océan Austral. Cette année, nous avons pu assister directement aux opérations de pêche au krill en Antarctique. Sea Shepherd Global et la Fondation Bob Brown d’Australie, ainsi que de nombreux autres groupes de conservation et scientifiques, pensent qu’un moratoire complet sur la pêche au krill est le seul moyen de protéger l’écosystème de la région.

« L’écosystème antarctique repose sur le krill. Les baleines, les manchots et les phoques dépendent tous du krill pour survivre. Il ne devrait pas y avoir de chalutiers géants attrapant cette espèce clé », a déclaré Alistair Allan, Bob Brown Foundation Antarctic et Marine Campaigner.

Le krill joue un rôle central dans l’écosystème de l’océan Austral, en broutant le phytoplancton et en servant de source de nourriture principale aux grands prédateurs comme les baleines, les manchots, les calmars et les phoques. Leurs migrations verticales quotidiennes sont cruciales pour la circulation des nutriments et du carbone de l’océan. En effet, ils se nourrissent d’algues de surface et leurs excréments enrichissent les eaux plus profondes. Cependant, ces créatures essentielles sont menacées par la fonte des glaces causée par le réchauffement climatique. Cela met en péril leurs aires de reproduction et d’alimentation. Cette situation critique est aggravée par des événements environnementaux récents : le niveau de la glace en Antarctique a atteint son plus bas niveau en février 2023, et a été suivi par d’autres déclins records pendant les mois d’hiver.

Par ailleurs, la pratique de la pêche industrielle du krill constitue une menace directe pour la faune marine de la région. L’équipage de Sea Shepherd Global a documenté des chalutiers géants entourant un groupe de baleines avec leurs filets alors qu’il se nourrissait de krill. Cela prouve une rivalité directe au niveau de la nourriture. Il n’y a rien de « durable » dans le fait que d’énormes chalutiers parcourent de vastes distances pour se rendre en Antarctique, tuant avec insouciance des baleines et d’autres espèces marines dans leurs filets et polluant les eaux autrefois vierges, pour extraire une espèce clé comme le krill qui va servir à l’alimentation des animaux d’élevage et à la création de compléments alimentaires inutiles.

« Même à un faible niveau de pêche, la pêche au krill a déjà un impact », a déclaré Andrea Kavanaugh dans le reportage d’enquête de l’AP sur la pêche industrielle au krill en Antarctique la semaine dernière. « Il n’y aurait pas d’écosystème [en Antarctique] sans krill.»

Même si la CCAMLR a décidé de ne pas augmenter les quotas de pêche au krill cette année, la biodiversité de l’Antarctique est toujours menacée. C’est pourquoi Sea Shepherd Global va revenir en 2024, renouvelant ainsi sa détermination à préserver notre patrimoine  écologique mondial.

EN SAVOIR PLUS SUR L’OPERATION ANTARCTICA DEFENSE

Partager
Nous avons besoin de votre soutien

Agissez pour les océans!